lundi 25 février 2008

"Si tu en as marre, tu me fais signe et j'arrête, ok?"

« Je voudrais quand même savoir si je ne te prends pas trop la tête. Je parle, je parle, je parle, là, mais, comme tu ne me dis rien, impossible de savoir ce qui t’intéresse et t’intéresse moins dans tout ce que je te raconte. Impossible de savoir si tu m’écoute par politesse en rongeant ton frein ou si tu t’identifie réellement à ce que je te dis de moi, bien que ce ne soit pas ton problème. Parce que c’est un risque, de prendre la parole, surtout si l’o parle de soi. On a aucune distance sur l’effet qu’o peut produire. Et, si ça se trouve, tu n’en as rien à taper, de mes états d’âme. Je ne sais pas, moi, t’as envie de la connaître la suite ? Tu ne préfère pas aller te coucher ? T’es sûr ? Bon, d’accord, alors je continue. Quant à ma façon de raconter, on verra bien, ça vient comme ça vient et je te le sers comme tel, sans filtre, c’est plus simple. Si tu en as marre, tu me fais signe et j’arrête, ok ? »

C’est sur le ton de la conversation que Nicolas Fargues choisit de nous raconter dans J’étais derrière toi, les tourments d’un trentenaire. Amour, humour, jalousie, humiliation, désir, enfer, un cocktail qu’il nous déballe en ouvrant les guillemets page 1 pour les refermer page 235 à la fin du livre.
Ou plutôt un monologue… pas moyen d’en placer une ! Il tutoie son auditoire, lui pose souvent des questions pour se dédouaner de certains de ses comportements.

Un roman éprouvant, fascinant, énervant… à l’image du personnage : contradictoire.

Sans chapitre, sans coupure sauf ce passage (cité plus haut), où il se rend compte qu’on est quand même, un peu frustré de ne pas pouvoir lui répondre.

Un véritable OLNI, à lire absolument.

A plusieurs reprises on a envie de le refermer, de le jeter et de ne jamais remettre le nez dedans. Malgré tout, je suis allée au bout ; allez savoir pourquoi ? Qu’on m’explique…

dimanche 24 février 2008

Pouce !

De dégringolades en dégringolades dans les sondages, le moral de Sarkozy semble lui aussi trébucher. Petite mine, visage crispé, humeur pressée et dérapage verbal. Avec ses discours où la plume tourne sept fois dans l’encrier avant de calligraphier, aucun risque de bavure. Par contre, une fois la spontanéité retrouvée, dur de se la fermer…

Passage obligée dans le sacro saint de Chirac, le Président était en ballade ce weekend au salon de l’agriculture.
Et toujours fidèle à lui-même, une apparition, un message choc.

Il est quand même très fort ce Sarko. Chaque message trouve sa formule pour marquer les esprits… A son grand regret !
Aujourd’hui, jour de repos dominical, il s’est fait tout petit, aucun commentaire de l’Elysée…

Depuis son élection et pour faire taire une opposition qui n’a vraiment pas besoin qu’on lui dise de se la boucler, il ne cesse de nous répéter qu’il n’est pas le représentant de ses seuls électeurs (à mon grand regret, mais les règles du jeu sont les règles du jeu…) mais le représentant de toute la nation française.

Franchement, j’étais déjà vraiment pas emballé, à deux valises de m’exiler tellement j’ai trop souvent honte d’être représenté par cet homme, mais là je dis POUCE ! STOP !

Trop, c’est trop. Pour ce seul mois de février, un monument aux morts à chaque gosse de moins de 10 ans, la rétention de sécurité qu’il veut à tous prix appliquer en tirant la langue au Conseil Constitutionnel et hier, « casse toi pauvre con ».

L’esprit d’ouverture semble se retourner contre lui, laissant place à une ouverture d’esprit bien méprisante….

vendredi 22 février 2008

15 ans à perpétuité...

Le 7 février 2008 le Parlement adoptait le projet de loi Dati sur la rétention de sûreté laissant à la libre appréciation d’un groupe d’expert, la remise en liberté d’un condamné ayant payé sa dette à la société. La perspective d’un enfermement à perpétuité pour les criminels…

Depuis mai 2007, à chaque baisse dans les sondages, supersarko se jette sur un fait divers pour réchauffer les chaumières. Ou comment caresser dans le sens du poil, les téléspectateurs fébriles devant un JT toujours avide d’images chocs.
Il est tout à fait légitime d’être révolté par les agissements criminels, inhumains et écœurants de certains. Cependant ce qui n’est pas légitime, c’est que le Parlement actuel vote des réformes issus d’une indignation populaire, et ce, en urgence.

La Vème République met en place une démocratie participative: dans un souci de pragmatisme, le peuple conscient de ne pouvoir s’autogouverner, choisit ceux qui auront les compétences requises pour décider sereinement.
Chacun est donc en droit d’attendre du Parlement qu’il réfléchisse sérieusement aux projets, et non dans l’immédiateté d’une révolte populaire.

Avec ce texte, il s’agit de réduire un droit qui, selon la DDHC, est imprescriptible, donc « intouchable ».La sûreté est l’un des quatre droits naturels appliquée à un individu tout comme la liberté, la propriété et la résistance à l’oppression. Elle désigne la protection contre le danger et toute menace émanant de l’extérieur. Mais elle désigne aussi la garantie dont dispose tout individu contre une détention ou une condamnation arbitraire de l’Etat.
Que penser donc de la loi Dati ?

L’espoir des députés PS qui avait saisi le Conseil Constitutionnel est resté vain. Le 21 février il a en effet rendue une décision favorable et …. Abracadabrantesque !
Sous prétexte que la détention de sureté ne sera pas prononcée
1. par la juridiction pénale mais par une juridiction créée à cet effet
2. sur la culpabilité du condamné mais sur son éventuelle dangerosité
le conseil conclut qu’elle ne peut être qualifiée de peine.
Malgré sa nature privative de liberté, la durée de cette privation et son caractère renouvelable sans limite, vous comprendrez que j’ai du mal à ne pas voir ici la définition d’une « peine ».
Comme le disait Madame Dati, la « rétention de sûreté, c’est la sureté de tous au prix de la liberté de quelques-uns ». C’est donc aussi la sureté de tous sans aucune remise en cause des défaillances du système carcéral français où, comme chacun le sait, les mesures de réinsertion, de traitement des prisonniers peinent à être mis en place.
Mais rassurons-nous ! Cette loi n’a aucun effet rétroactif!

De la présomption d’innocence nous sommes donc passés à la présomption de dangerosité. Le doute ne profiterait-il plus à l’accusé ?